Critique de la semaine

MoiZLATANIBRAHIMOVIC:Itinéraired’unenfantdelaballe

700 000 exemplaires vendus en Suède, soit 7% de la population. Non, ce n’est pas un inédit 4ème tome de l’œuvre « Millenium » de Stieg Larsson mais bien l’autobiographie du footballeur suédois Zlatan Ibrahimovic. Ce livre est à l’égal de son instigateur sur le terrain, d’une rare puissance. De ses débuts dans la banlieue de Malmö à Rosengard, jusqu’à la « Zlatan mania » qui a suivie ses différents passages aux Pays-Bas, en Italie ou en France actuellement…Zlatan raconte tout sans détour et avec une sincérité assez troublante. S’il est tatoué sur son corps que « Seul Dieu peut le juger » (« Only God can judge me »), on sait maintenant qu’avec Dieu, « Zlatan est le seul qui peut juger Zlatan » !

Barcelone : la blessure

Si le livre raconte l’itinéraire chronologique de ce fils d’un serbe et d’une mère croate, le premier chapitre fait office d’exception. Zlatan a décidé, avec la complicité du journaliste suédois, David Lagercrantz, de plonger le lecteur dans l’épisode le plus douloureux de sa carrière : son passage dans la meilleure équipe du monde, le FC Barcelone. En effet à son arrivée en Espagne, le grand Ibrahimovic s’est vu de retour 15 ans en arrière, lorsqu’il était cet enfant turbulent qui rechignait à faire ce qu’on lui demandait sur les bancs de l’école. Le contexte était juste légèrement différent. Le centre d’entraînement « Joan Gamper » avait remplacé l’école « Värner Ryden » de Rosengard et ses nouveaux camarades de classe s’appelaient maintenant Messi, Xavi ou Iniesta et avaient pour professeur Pep Guardiola. Zlatan n’en revenait pas et ne s’acclimatera jamais à cette ambiance trop bon enfant pour lui. « Ibra » qui a besoin d’exubérance, de folie et d’adrénaline raconte que dès son premier jour, il compris que son séjour en Catalogne ne serait pas comme les autres et que sa relation avec le maître d’école Pep ne fonctionnerait pas. Celui-ci brida Ibrahimovic en lui interdisant de prendre sa Ferrari pour venir à l’entraînement. Zlatan tomba des nus, qu’allait-il faire dans une Audi (sponsor du club) ?

Le voleur de bicyclette

 Zlatan revient ensuite sur son enfance dans ce quartier appelé Rosengard qui a forgé le caractère et le talent de ce fils d’immigré. Dans ce ghetto comme il se plaît à l’appeler, il ne côtoyait pas de suédois pure souche mais plutôt des « Yougos » comme lui, des brésiliens, des africains…Ibra ne dépeint pas une enfance malheureuse et de victime comme beaucoup l’aurait fait mais assume ses origines, ses difficultés et un historique familial compliqué. Un père légèrement alcoolo, une mère violente, une demi-sœur toxicomane, pas facile de grandir en restant équilibré, c’est le moins que l’on puisse dire. Mais Zlatan avait sa sœur Sanela, le football et un goût prononcé pour le vol de vélo. Devenu un crack dans cette discipline, Zlatan raconte qu’il a une fois, malencontreusement, tiré le vélo de l’entraîneur adjoint de son club. Une sacrée bourde ! Ibrahimovic rappelle souvent l’adage suivant : « Tu peux quitter Rosengard mais Rosengard ne te quittera jamais ! ».

S’en suit alors l’ascension d’un des plus grands joueurs de football de la décennie qui aura marqué de son empreinte et de ses buts « ibracadabrantesques » les différents clubs où il a atterri. Je pourrais vous parler de Zlatan des heures tant cet homme sous  son aspect provocateur et arrogant qui peut inspirer une certaine haine est finalement quelqu’un d’assez sensible et d’intelligent comme tous les grands champions tous sports confondus. A 31 ans, Zlatan n’est encore qu’un grand enfant comme le démontre son addiction aux jeux-vidéos avec lesquels il pouvait jouer toute la nuit lors de ses années « interistes ». Cet enfant d’un quartier malfamé de Malmö nommé Rosengard qui s’était juré de ne plus simplement être l’immigré Ibrahimovic mais bien le suèdois Zlatan.